La prière

Priez sans cesse !

Pourquoi tant prier ? Pour être avec Lui, pour cultiver une relation amoureuse avec Dieu.

Alors on peut recevoir le précepte de l’apôtre Paul, priez sans cesse ! comme un chemin de vie, simple et joyeux. En cultivant cette relation, le frère croit qu’il se fait proche de tous les hommes, porteur de leurs aspirations, cri de leurs détresses, chant de leur louange.

La relation avec une personne prend des formes différentes : conversation intime, partage d’un repas, promenade ou activité commune. Il en est de même pour la prière : la liturgie, la mémoire de Dieu et l’oraison et la lecture sont différentes formes d’une même relation.

  • Prière de la nuit à l’abbaye de Cîteaux
La liturgie

L’eucharistie est la source et le sommet de toute vie chrétienne. Pour nous, ce mystère se déploie tout au long du jour dans la liturgie des heures qui est écoute et célébration commune de la Parole. Toutes les nuits, alors que le monde est encore plongé dans le sommeil, la communauté se lève et se rassemble pour célébrer l’office des vigiles. C’est là notre premier mouvement, au réveil. Signe de résurrection dans la nuit de la mort.

Seigneur, ouvre mes lèvres, et ma bouche annoncera Ta louange !

Tous les soirs, alors que le monde bruisse encore de diversités et d’activités, la communauté se réunit pour célébrer l’office des complies et déposer tout ce qui a été accompli. Signe d’espérance par-delà le sommeil.

Maintenant, ô Maître souverain,
tu peux laisser ton serviteur s’en aller en paix, selon ta Parole,
Car mes yeux ont vu le Salut…

Des vigiles aux complies, sept fois par jour, la communauté est réunie pour célébrer les louanges de Dieu, Lui présenter les souffrances des hommes, et, par le travail de l’obéissance, se laisser façonner à Son image.

Vigiles, vous qui veillez dans la maison du Seigneur.

Laudes, Chantez au Seigneur un chant nouveau

Tierce, Que notre vie que notre force, brûlent du feu de ton amour !

Sexte, De quel amour j’aime ta Loi !

None, Le Fils de Dieu les bras ouverts a tout saisi dans son offrande !

Vêpres, Seigneur, que ma prière s’élève devant Toi comme un encens…

Complies, Par l’intercession de la Vierge Marie, que le Seigneur nous donne une nuit paisible, et la grâce de vivre et mourir dans son amour.

Prière commune, régulière, « officielle », instituée, répétitive, la liturgie se démarque de ce qu’on imagine habituellement dans la prière. Et pourtant, c’est dans sa liturgie que l’Eglise, comme une mère attentive, nous apprend à prier. Elle nous donne les mots de sa prière. Et à travers elle, c’est Dieu qui nous donne sa Parole pour que nous lui adressions la parole. A l’écoute d’une unique parole, nous apprenons à nous comporter comme les membres du même corps : le corps du Christ.

La mémoire de Dieu

Le premier degré de l’humilité consiste à garder toujours présent à l’esprit la crainte de Dieu.

Règle de Saint Benoît

Quelles que soient les activités, les lieux, les personnes, c’est pour Lui, avec Lui et en Lui que nous nous efforçons de vivre. Chacun cultive cette mémoire de Dieu dans le secret de son cœur, à l’aide d’invocations que la tradition transmet comme des trésors.

“Seigneur Jésus, fils de Dieu, prends pitié de moi, pécheur !”

Avant chaque rencontre communautaire, nous nous remettons sous sa protection.

Que le Seigneur garde nos pensées, nos paroles et nos actes dans sa paix.

Et devant un ordinateur, est-il possible de garder la mémoire de Dieu ? Comme pour tous nos contemporains, nous sommes amenés à utiliser de plus en plus fréquemment des ordinateurs, pour des tâches aussi variées qu’indispensables : comptabilité, gestion commerciale, contacts avec l’extérieur, études, analyse de résultats de fabrication industrielle… Cette activité est-elle compatible avec la garde de la mémoire de Dieu ?

Si on limite la mémoire de Dieu à une invocation constante et consciente du nom de Dieu, ou à la récitation du rosaire, il est évident qu’elle est plus facile à pratiquer pour accompagner une activité manuelle simple et répétitive. Par contre, elle devient impossible au milieu d’une activité intellectuellement prenante comme l’informatique. On peut trouver des échappatoires en ménageant des petites pauses au milieu de l’activité, mais ce n’est pas satisfaisant puisque ce n’est pas l’activité elle-même qui est placée sous le regard de Dieu, mais on ne fait que lui laisser de petits espaces entre des plages d’activités. 

 Alors, la vie contemplative est-elle définitivement incompatible avec la modernité ?

Tout d’abord, il ne faut pas croire que les activités « prenantes » sont apparues avec les ordinateurs ! On trouve de nombreux témoignages montrant que nos pères avaient les mêmes difficultés, même sans ordinateur. Ils présentent le travail de copiste comme un combat entre le moine et son parchemin. Cette activité épuisante exige à la fois force et minutie, vigueur pour supporter le froid des bâtiments (le chauffage est impossible par crainte des incendies), patience pour comparer les modèles, repérer les fautes, ingéniosité pour contourner les trous des parchemins… Saint Bernard évoque parfois son travail de rédaction comme une mêlée furieuse de mots qui s’entrechoquent se présentant tous ensemble à sa pensée… le laissant épuisé ! Non vraiment, il faut renoncer à l’image du saint moine réalisant des chapelets en récitant le chapelet. Certes, une activité manuelle simple et paisible est un excellent lieu de repos, mais elle est trop exceptionnelle, aujourd’hui comme hier, pour servir de lieu exclusif de la vie contemplative.

Si l’on renonce au mythe d’une vie contemplative entendue comme rêverie romantique à l’ombre des arbres, alors oui, n’importe quel travail peut être un travail monastique, du moment qu’il est réalisé pour la gloire de Dieu et le salut, le salut du monde et le service des frères. Un travail informatique présente même des qualités très appréciables : il apprend l’humilité car la machine a toujours raison, il apprend l’entraide car il est souvent utile de demander conseil à son frère, il est une occasion d’exercer la patience et le soin.

L’oraison

Toute relation est éminemment personnelle. Même si la forme première de notre prière est la prière liturgique commune, elle s’exprime aussi dans un cœur à cœur avec Dieu. Chaque frère vit ce cœur à cœur selon le don qui lui est propre, l’un s’adonnant au chapelet, l’autre laisse remonter la Parole qu’il a entendue, un troisième accueille la Présence dans le silence.  A Cîteaux, nous avons l’habitude de prier ensemble, dans un même lieu et à une même heure pour nous soutenir dans le combat de la prière et afin que la diversité des dons reste au service de l’unité du corps. 

La Vierge Marie est modèle de notre prière : avec elle nous parcourons la vie du Christ en priant le rosaire, comme elle nous laissons la Parole habiter notre cœur, en elle et en nous, pour elle et pour nous, le silence devient Présence.

Ils ont choisi pour Reine l’humble servante du Seigneur, la Vierge Mère.

Hymne pour les saints fondateurs.

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